L'amiante en Afrique.
Historiquement deux pays africains ont été des producteurs majeurs d'amiante : l'Afrique du Sud et le Zimbabwe (ancienne Rhodésie). Aujourd'hui, en Afrique, l'arrêt de la production et l'interdiction de l'amiante en Afrique du Sud, conjugué avec l'effondrement économique et l'arrêt des mines du Zimbabwe font que l'Afrique ne produit plus d'amiante. Si l'on ajoute que deux des grands pays -- l'Algérie et l'Egypte -- ont leur tour interdit l'amiante, on pourrait penser que le continent africain est l'abri. Ce n'est malheureusement pas tout à fait le cas. Certes l'ensemble des pays africains a appuyé et réclamé l'inscription de l'amiante chrysotile lors de la conférence de Rotterdam -- à l'exception notable du Zimbabwe -- mais peu de pays ont totalement arrêté l'amiante: outre l'Afrique du Sud, l'Algérie et l'Egypte déjà citées, on peut citer le Gabon, le Mozambique et les Seychelles; un certain nombre de pays reste des moyens consommateurs (Angola, Ghana, Nigeria).
L'exploitation de l'amiante est due au passé colonial, elle a été principalement l'oeuvre de deux compagnies Turner & Newall et Cape en Afrique du Sud et au Zimbabwe (ancienne Rhodésie). On retrouve les noms de Turnall Holdings au Zimbabwe, TN Havelock au Swaziland. Des usines de transformation ont été créées par Eternit France en Algérie, au Sénégal et, sous forme de participation à des sociétés, au Maroc et en Tunisie.
La situation du Zimbabwe reste préoccupante. En effet la production d'amiante s'est arrêtée uniquement parce que les mines Shabanie ont été nationalisées et leur gestion a mélangé corruption et incompétence, sans réussir à changer de stratégie après l'interdiction de l'amiante du pays voisin, et aboutissant à la paralysie de l'entreprise. L'entreprise d'état ZMDC (Zimbabwe Mining Development Corporation) souhaite relancer les opérations d'extraction d'amiante; c'est d'ailleurs dans l'éventualité de cette réouverture que le gouvernement du Zimbabwe s'est désolidarisé de son continent pour s'opposer la santé publique, lors de la conférence de Rotterdam. Le seul acte effectif a pour le moment été l'éviction brutale d'anciens mineurs de leur logement. La voie de la prospérité n'est bien sûr pas dans la relance des mines d'amiante, qui relancerait également le cortège de maladies mais dans le développement d'autres activités économiques. Le contraste entre les deux pays est aussi frappant dans le traitement de leurs travailleurs : l'Afrique du Sud a mis en place un dispositif pour indemniser les anciens mineurs malades alors que les autorités du Zimbabwe laissent les anciens mineurs mourir dans la misère.
Plus positivement, les deux grands pays du nord, l'Algérie et l'Egypte, ont interdit l'amiante sur leur territoire ainsi que le Gabon. Le reste de l'Afrique consomme assez peu d'amiante, même on peut relever des petites importations sporadiques en Angola, au Ghana et au Nigéria.
07/01/2019