Commerce de l’amiante dans le monde : aperçu de la situation (octobre 2018)
En 2010 il y avait encore 5 pays producteurs importants d’amiante: la Russie, le Canada, le Brésil, le Kazakhstan et la Chine. Les douze mois précédents ont été marqués par deux événements majeurs, concernant la lutte contre le fléau sanitaire que constitute l’utilisation de l’amiante:
-- le 29 novembre 2017 le Tribunal suprême du Brésil a interdit l’amiante sur tout le territoire brésilien.
-- le 28 septembre 2018 le gouvernement canadien a édicté le «Règlement interdisant l’amiante et les produits contenant de l’amiante» (DORS/2018-196 publié dans la Gazette du Canada du 1er octobre 2018)
Ces décisions revêtent une importance énorme et auront des répercussions sur le commerce meurtier de l’amiante dans le monde.
1. Bref historique. Le commerce de l’amiante a d’abord été l’apanage du Canada et particulièrement du Québec au début du XXème siècle; il s’est ensuite développé mondialement, l’URSS, l’Afrique du Sud, l’Italie puis le Brésil devenant de grands producteurs. Durant les deux dernières décennies du XXe siècle, on a pu assister au déplacement du commerce de l'amiante: l'Amérique du Nord et l'Europe cessant l’utilisation, le commerce s’est déplacé vers vers l'Amérique latine, l'Asie et les pays de l'Ex-URSS. Ce déplacement a d'abord été l'oeuvre des industriels et du gouvernement canadiens qui ont longtemps cherché par tous les moyens à protéger les débouchés de leur industrie minière.
La fin du XXe siècle avait été marquée par la décision des États-Unis d'arrêter d'utiliser l'amiante et la décision progressive des pays européens d'interdire l'amiante sous toutes ses formes. La première décennie du XXIe siècle a été marquée par plusieurs changements notoires. L'Australie, qui fut un producteur d'amiante, et le Japon, qui fut un des grands consommateurs d'amiante, ont tous deux interdit l'amiante sur leur territoire. Pour des raisons différentes, les deux grands producteurs d'amiante africains ont cessé d'extraire l'amiante : l'Afrique du Sud, ayant pris la dimension de la tragédie des maladies causées par l'amiante, a interdit son tour l'amiante et bien sûr fermé ses mines; les mines du Zimbabwe, pays pris dans une spirale de corruption et d'écroulement économique, sont aussi fermées par dysfonctionnement. Enfin, les deux événements majeurs de la dernière décennie sont certainement l'arrêt de la production d'amiante au Canada, suivi six ans plus tard de l’interdiction édictée par le gouvernement fédéral (2018) et la décision du Tribunal Suprème brésilien d’interdire l’amiante (novembre 2017).
Aujourd'hui le grand axe du commerce de l'amiante Canada-États-Unis-Europe est donc remplacé par l'axe Russie-Inde-Chine et le commerce jadis florissant en Europe et Amérique du Nord, exerce désormais ses ravages en Inde, Chine et les pays du sud-est de l'Asie et dans les pays de l'ex-URSS.
2. L'extraction et la vente d'amiante dans le monde
Le Canada ayant cessé d'extraire de l'amiante, et le Brésil prenant la même voie, la production mondiale d'amiante est désormais concentrée dans trois pays: la Russie, le Kazakhstan et la Chine, les deux premiers étant d’importants exportateurs.
-- La Russie extrait annuellement environ 670 000 tonnes d'amiante, soit un plus de la moitié de la production annuelle mondiale. La Russie exporte plus des trois-quarts de sa production, d'une part vers les pays d'Asie : Chine, Inde, Indonésie, Thaïlande, Vietnam et, d'autre part, vers les pays anciennement soviétiques : Ukraine, Biélorussie, Ouzbékistan, etc. La Russie a diminué sa consommation d'amiante, mais celle-ci reste néanmoins importante. Les deux grandes compagnies exploitant l'amiante sont Uralasbest, ville d'Asbest, et Orenbourg Minerals, ville de Yasny; la propagande est véhiculée par l’«Association du Chrysotile Russe».
-- La Chine produit beaucoup d'amiante, environ 200 000 tonnes par an, qu'elle consomme presque entièrement, en importe en plus, dans une frénésie de construction.
Le plus gros consommateur mondial d'amiante prépare hélas une épidémie de grande ampleur. Il y a en Chine plus de 160 mines et usines d'amiante; les plus grandes mines (produisant plus de 30 000 tonnes par an) s'appellent Mangnai, Bazhou, Ruoqiang; les mines moyennes (entre 10 000 et 20 000 tonnes par an) Shimian, Xinkang, Qilian, Aksay, Chaoyang. La Chine exporte relativement peu d'amiante mais par contre un nombre important de produits fabriqués en Chine contiennent de l'amiante et la Chine n'a aucune politique d'étiquetage fiable.
-- Le Kazakhstan, selon les statistiques de USGS, a extrait en 2016 environ 190 000 tonnes d'amiante. La compagnie qui exploite l'amiante, Kostanai Minerals, ville de Zhitikara, est membre de l'association russe du chrysotile.
Les déclarations de l'industrie minière de ces pays concernant la sécurité pour les mineurs sont fortement suspectes : au Kazakhstan et en Russie (ainsi que, jusqu’à présent, au Brésil) les forages à l'explosif sont réguliers; contrôler les poussières d'amiante dans ces conditions relève plus de l'incantation que de la réalité; les conditions de travail des multiples mines chinoises sont, elles, moyenâgeuses.
Il faut noter que ces pays, contrairement au grand producteur historique -- le Canada, qui exportait son amiante sans l'utiliser -- sont de grands consommateurs d'amiante.
Ils ont en commun l'ignorance des dangers de l'amiante parmi la population, une absence de registre de cancer, une absence de procédures d'hygiène et sécurité garanties par l'autorité gouvernementale. Les gouvernements semblent aussi avoir adopté la cause de l'industrie de l'amiante, répétant ainsi les erreurs criminelles du gouvernement canadien. Le Brésil est en train de sortir rapidement de l'amiante, d'abord parce qu'il y a un fort mouvement associatif (inspecteurs du travail, médecins, victimes) et parce que l'industrie de l'amiante n'y concerne plus qu'une seule entreprise (Eternit Brésil) possédant usines et la seule mine d’amiante en activité (mine de Cana Brava). Il faut noter que, avant l’interdiction globale décrétée par le tribunal suprême, l'amiante était déjà interdit dans plusieurs grands états du Brésil.
L'utilisation, passée et présente, de l'amiante. La consommation d'amiante se concentre désormais sur deux régions du Globe : l'Asie du sud-est (Chine, Inde, Indonésie, Sri Lanka, Thaïlande, Vietnam) et les pays de l'ex-URSS (Biélorussie, Kazakhstan, Ouzbékistan, Russie, Ukraine). Les 11 pays cités ont utilisé en 2016 plus de 97% de l'amiante vendu dans le monde. Mais aucun pays n'est épargné par le fléau des maladies de l'amiante, soit à cause d'une utilisation même modérée, soit à cause de l'utilisation passée et de la quantité d'amiante disséminé principalement dans les matériaux de construction, mais aussi dans les bateaux et les équipements industriels.
3. La situation «par continents»
Voir rubriques Afrique, Amérique (hors Canada), Asie, Canada, Europe (Hors URSS), Océanie, Russie (et ex-URSS)
---- Afrique. En Afrique, l'arrêt de la production et l'interdiction de l'amiante en Afrique du Sud, conjugué avec l'effondrement économique et l'arrêt des mines du Zimbabwe font que l'Afrique ne produit plus d'amiante. Si l'on ajoute que deux des grands pays -- l'Algérie et l'Egypte -- ont leur tour interdit l'amiante, on pourrait penser que le continent africain est l'abri. Ce n'est malheureusement pas tout à fait le cas. Certes l'ensemble des pays africains a appuyé et réclamé l'inscription de l'amiante chrysotile lors de la conférence de Rotterdam -- à l'exception notable du Zimbabwe -- mais peu de pays ont totalement arrêté l'amiante: outre l'Afrique du Sud, l'Algérie et l'Egypte déjà citées, on peut citer le Gabon, le Mozambique et les Seychelles; un certain nombre de pays reste des petits consommateurs (Angola, Ghana, Nigeria).
L'exploitation de l'amiante a été principalement l'oeuvre de deux compagnies Turner & Newall et Cape en Afrique du Sud et au Zimbabwe (ancienne Rhodésie). On retrouve les noms de Turnall Holdings au Zimbabwe, TN Havelock au Swaziland. Des usines de transformation ont été créées par Eternit France en Algérie, au Sénégal et, sous forme de participation à des sociétés, au Maroc et en Tunisie.
La situation du Zimbabwe reste préoccupante. En effet la production d'amiante s'est arrêtée uniquement parce que les mines Shabanie ont été nationalisées et leur gestion a mélangé corruption et incompétence, sans réussir à changer de stratégie après l'interdiction de l'amiante du pays voisin. L'entreprise d'état ZMDC (Zimbabwe Mining Development Corporation) souhaite relancer les opérations d'extraction d'amiante; c'est d'ailleurs dans l'éventualité de cette réouverture que le gouvernement du Zimbabwe s'est désolidarisé de son continent pour s'opposer la santé publique, lors de la conférence de Rotterdam. Le seul acte effectif a pour le moment été l'éviction brutale d'anciens mineurs de leur logement. La voie de la prospérité n'est bien sûr pas dans la relance des mines d'amiante, qui relancerait également le cortège de maladies mais dans le développement d'autres activités économiques. Le contraste entre les deux pays est aussi frappant dans le traitement de leurs travailleurs : l'Afrique du Sud a mis en place un dispositif pour indemniser les anciens mineurs malades alors que les autorités du Zimbabwe laissent les anciens mineurs mourir dans la misère.
---- Océanie. L'Australie et, plus récemment, la Nouvelle-Zélande ont interdit l'amiante. La réunion des îles du Pacifique (Fidji, etc) a pris des résolutions de sévères restrictions.
L'Australie a été un producteur d'amiante et un important consommateur; aujourd'hui l'épidémie de mésothéliome a rendu les australiens sensibles au problème de l'amiante et le gouvernement australien a déjà pris des positions pour une interdiction mondiale de l'amiante. Les médecins australiens sont également à la pointe des développements de recherches sur les thérapies du mésothéliome.
---- Amérique latine. L'amiante est interdit dans le cône sud (Argentine, Chili, Uruguay) et également par le Honduras; tout récemment le Brésil a décidé par voie judiciaire d'interdire l'amiante. La Colombie et le Pérou ont pratiquement cessé d’importer de l’amiante; le Mexique et Cuba ont ralenti, mais restent des pays consommateurs.
Le Brésil - puissance économique du continent - a été le grand producteur/utilisateur d’amiante de ce continent. L’exploitation a été initiée par le groupe français Saint-Gobain à la fin des années 30. Durant une cinquantaine d’année Eternit et Saint-Gobain ont exploité ensemble l’amiante au Brésil. Saint-Gobain a arrêté l’amiante au début des années 2000, l’interdiction de l’amiante en France rendant l’exploitation au Brésil indéfendable. Un mouvement fort vers le développement rationnel et l'amélioration de la santé du peuple s’est développé, l'amiante a été interdit dans plusieurs grands états du Brésil, et une bataille judiciaire, d’ailleurs initiée par Eternit s’est conclue avec la déclaration d’inconstitutionnalité de l’«usage contrôlé» par Tribunal Suprême Fédéral (STF) du Brésil. Les choses étant rarement simple au Brésil, un des juges du STF - d’ailleurs auteure d’un excellent rapport sur l’inconstitutionnalité de l’utilisation de l’amiante - a concédé un «liminar» qui permet à la mine d’amiante de continuer de fonctionner, pour une durée forcément limitée.
---- Amérique du Nord. Historiquement le commerce de l'amiante s'est fait du Canada vers les États-Unis. Le pic d'importation depuis le Canada vers les États-Unis en 1973 a été de presque 700 000 tonnes. Le Canada a pratiquement cessé d'utiliser l'amiante depuis 30 ans mais est resté jusqu'à très récemment un grand producteur, exportateur et promoteur de la propagande en faveur du commerce de l'amiante ; ce n'est qu'avec l'annonce, en octobre 2012, par le nouveau premier ministre québécois Pauline Marois, de l'annulation du prêt de 58 millions de dollars pour la relance de la mine Jeffrey que l'activité minière a pris fin au Canada. Six ans plus tard le gouvernement fédéral a décrété l’interdiction définitive de l’amiante au Canada.
Les industriels de l'amiante ont remporté une grande victoire en 1991 aux États-Unis, en faisant annuler par la cour d'appel de New-Orleans la décision de l'Agence pour la Protection de l'Environnement (EPA) d'interdire l'amiante aux États-Unis. La santé publique a néanmoins remporté une grande victoire juridique internationale, en 2001 dix ans plus tard, quand l'organisation mondiale du commerce (OMC) a débouté le Canada de sa plainte contre l'interdiction de l'amiante en France.
La plupart des utilisations de l'amiante restent légales aujourd'hui aux États-Unis, cependant les Etats-Unis utilisent aujourd'hui très peu d'amiante : les industriels ont pour la plupart renoncé, à cause du grand nombre de procès en dommages civils.
Cependant, ces milliers de procès en indemnisation civile aux Etats-Unis, ont eu un effet secondaire très préoccupant : le financement de littérature scientifique douteuse par les industriels soucieux de minimiser les dédommagements à payer aux victimes. Il s'agit pour les industriels de convaincre les juges, non pas de l'innocuité de l'amiante, mais du faible impact sur la santé des produits en amiante du bailleur de fonds. Quand on réalise que l'évaluation du caractère cancérogène (probable ou certain) des autres produits est en partie réalisée par une moyenne sur les études publiées, on peut commencer à être très inquiet de la multiplication de ces publications «pseudo-scientifiques».
Les autorités canadiennes ont longtemps soutenu et financé cette fausse science et même abusé de leur position diplomatique pour tenter d'infléchir des organismes comme l'Organisation International du Travail (OIT) et l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Ces mêmes «experts» auteurs de publications mensongères sur l'amiante émargent auprès des compagnies de tabac et défendent de multiples cancérogènes; certains travaillent désormais aussi pour l'association internationale du chrysotile, longtemps basée au Québec, désormais financée par les industriels de l'amiante russes.
La réalité des maladies provoquées au Canada par l'amiante chrysotile est édifiante. Par rapport au reste du Canada, la province du Québec a un taux de mésothéliomes par habitant 9,5 fois plus élevé chez les hommes et 2 fois plus élevé chez les femmes; par rapport au reste du monde, ce taux chez les Québecois n'est dépassé que par certains comtés du Royaume-Uni, certaines parties de l'Australie et certaines régions des Pays-Bas. Ces données résument, à elles seules, l'aspect mensonger de la propagande des industriels canadiens et des gouvernements successifs concernant l'innocuité du chrysotile « quand il est utilisé de façon sécuritaire ».
---- Europe "de l'ouest" (communauté européenne et pays voisins). La communauté européenne et tous ses membres ont interdit l'amiante de façon effective partir du 1er janvier 2005, de même que l'Islande, la Moldavie, la Norvège, la Serbie, la Suisse et la Turquie. En fait beaucoup de ces pays avait déjà interdit l'amiante chrysotile bien avant : par exemple les pays scandinaves dès le début des années 80, l'Allemagne, l'Autriche, l'Italie et les Pays-Bas au début des années 90, la France en 1996.
Hormis quelques dérogations concernant la fabrication de joints pour l'électrolyse du chlore, l'Europe de l'ouest n'utilise plus d'amiante.
Les trois pays ayant admis ces dérogations sont l'Allemagne, la Suède et la Pologne. En Allemagne ce sont deux entreprises américaines (Dow Chemicals et Solvay) qui ont manoeuvré pour contourner l'interdiction de l'amiante.
On peut mesurer l'efficacité du lobbying des industriels de l'amiante au temps perdu entre les directives européennes de 1983, 1991, etc et enfin celle de 1999, interdisant l'amiante.
L'Italie, la Grèce et Chypre, la Finlande, la France, la Turquie, la Bulgarie et la Yougoslavie ont extrait de l'amiante dans le passé.
L'Italie a été le plus grand producteur d'amiante de cette partie du globe; elle a été aussi, après les pays scandinaves, l'un des premiers pays à prendre la mesure de la tragédie de l'amiante et à prendre des mesures comme l'interdiction ds 1992. L'implication de l'autorité judiciaire italienne, jointe la ténacité des associations de victimes a permis la tenue du procès dit «Procès Eternit» qui a donné un exemple au monde entier.
La Belgique a été le berceau des usines Eternit; les Pays-Bas, notamment les villes de chantiers navals, la ville de Rotterdam, souffrent d'un des plus hauts taux de mésothéliome; l'Allemagne a été le plus gros consommateur d'amiante : l'Allemagne de l'Ouest importait la fin des années 70 presque 400 000 tonnes d'amiante; les syndicats puis les autorités sanitaires ont pris la mesure du danger durant les années 80 et l'Allemagne a été ensuite à la pointe des actions de prévention, notamment concernant l'amiante en place.
L'Espagne prend lentement la mesure du problème de l'amiante : la compagnie «Uralita» -- qui fut le principal utilisateur espagnol d'amiante -- est maintenant régulièrement condamnée à payer des indemnisations à ses employés victimes de l'amiante.
La Pologne est le seul pays européen qui s'est doté d'un plan d'élimination de l'amiante, toutefois ce plan rencontre de nombreuses difficultés.
Les pays de l'ex-Yougoslavie et l'Albanie n'ont pas encore interdit l'amiante mais n'en utilisent plus. L'influence de la décision d'interdiction de la communauté européenne a certainement été importante. Notons que la Turquie, à cheval entre l'Europe et l'Asie a elle aussi interdit l'amiante
Forte de son expérience douloureuse avec l'amiante, l'Europe peut et doit jouer un rôle de promoteur de la santé publique dans le reste du monde.
---- Europe "de l'est" (Russie et pays de l'ex-URSS). Il semble que le rideau de fer ait longtemps arrêté la diffusion des découvertes scientifiques concernant les ravages de l'amiante. Russie, Kazakhstan, Ukraine, Biélorussie, Ouzbékistan et les autres anciens pays du bloc soviétique consomment aujourd'hui un quart de la production annuelle mondiale d'amiante, soit 350 000 tonnes. Les « kombinats» construits sous le régime soviétique se sont seulement convertis au capitalisme «moderne». Les toitures traditionnelles d'Ukraine, de Géorgie et de Sibérie sont désormais en amiante-ciment et les déchets d’amiante un peu partout. L'utilisation indiscriminée de l'amiante prend aussi des formes inconnues dans d'autres pays : les résidus miniers sont recyclés en gravats et ballast utilisés pour les voies ferrées, dans tout le territoire anciennement soviétique.
La monoville d'Asbest résume ce casse-tête pour les autorités russes. La population, qui diminue depuis une vingtaine d'années, est actuellement d'un peu plus de 60 000 habitants; la ville vit et meurt de l'amiante qui est sa seule activité économique.
La ville est le siège du Kombinat d'Uralasbest mais aussi de l’«Alliance Internationale des Syndicats du Chrysotile» qui accuse l'OMS d'asbestophobie.
---- Asie. La situation la plus grave concernant l'amiante est certainement celle de l'Asie du Sud, qui est la zone concentrant la plus grande partie de la population du globe et celle qui consomme presque 70% de l'amiante produit dans le monde, soit en 2016 une consammation d’environ 900 000 tonnes d’amiante. Les deux pays les plus peuplés -- la Chine et l'Inde -- sont de très loin les plus gros consommateurs, utilisant annuellement environ 600 000 tonnes d'amiante.
Les autres gros utilisateurs d'amiante en Asie sont l'Indonésie, Sri Lanka, la Thaïlande et le Vietnam, suivis par le Bengladesh et la Malaisie. Dans cette région les seuls grands pays ayant interdit l'amiante sont le Japon et la Corée du Sud - deux paysqui ont été de gros utilisateurs d'amiante, surtout le Japon. Les conditions dramatiques des travailleurs indiens et les espoirs de voir les autorités de l'Union indienne parvenir à la raison, sur l'amiante, restent d’importantes préoccupations humanitaires.
Les plus hauts taux d'incidence de mésothéliome recensés sont répertoriés dans les pays industrialisés ayant largement utilisé l'amiante et disposant de registre des cancers. Cependant le drame de l'amiante se déroule en ce moment principalement en Chine, Inde et pays voisins - pays dépourvus de registres de cancers. Il est frappant de voir que les leçons de l'utilisation passée n'ont pas été tirées et navrant de constater que la tragédie se répète.
Le terrible coût humain, mais aussi l'important cot économique lié aux maladies causées par l'amiante n'est pas pris en compte par beaucoup trop de gouvernements.
04/02/2019